2007-11-10

Deux exemples français pour le mouvement d'ici

Au-delà des conflits de structures et de candidatEs, il y a la nécessité des grèves. Des grèves qui ne se résorbent pas dans un corporatisme étudiant, mais qui embrasent la société, la domination générale... Cette domination rendue encore plus évidente dans la droitisation du monde. Dans le cas français, il y a cette société qui met les Sarkozy au pouvoir. Ici, c'est le même monde qui produit les Charest, Dumont... avec un PQ qui essaiera de se présenter comme une alternative : une alternative ''Déficit zéro'' qui poursuit la destruction sociale. C'est le monde de la guerre contre nous qui s'exprime encore plus radicalement en Irak, en Afghanistan et dans bien d'autres espaces, mais qui sévit néanmoins partout. À quand la grève générale sociale ?


APPEL DE RENNES

C’est bien une guerre dont il s’agit de révéler par la lutte, les fronts, les blessures et le sens. Les élections démocratiques de 2007 marquent le retour d’une politique offensive, assumée comme telle. Le président est en guerre comme tous les chefs de LA mafia mondiale. Le monde des sarkozistes, ses bataillons de jeunes filles techtonik et ses gangs de citoyens bio nous montrent la profondeur du désastre.

La LRU fait partie de ces lois qui sous tendent des lois qui sont au dessus de tout : Progrès, Contrôle, Loi du marché, Guerre globale de la démocratie pacifiée, Anéantissement de toute forme de partage et de solidarité. Ni les gauchistes, ni les plus subtils réformistes ne nous feront avaler la pilule de l’adéquation avec cette société. "S’intégrer" aujourd’hui, c’est se modifier à l’image des OGM. Nous détestons ce monde et ses cancers. Ses robots qui ne demandent qu’à travailler. Ses sarko-cyniques de gauche -des assos et des Facs - qui inculquent la misère de la pensée servie sous vide.

Lutter, c’est soutenir les rapports de forces. C’est ce qui nous donne le courage nécessaire de nous organiser à la hauteur de la guerre. Bloquer, ce n’est pas seulement arrêter les cours, mais LE cours insupportable de ce monde. C’est suspendre la philosophie- libérale qui consiste à dire que MA liberté est d’avoir le droit d’aller en cours tous les jours. Nous sommes de ceux qui se sont sentis beaucoup plus vivant pendant les deux mois de lutte contre le CPE, que pendant nos 7 années de collège-lycée. C’est aussi de là que nous partons.

Toutes les facs ressemblent maintenant à des halls de gare, où chaque étudiant en exil change de visage comme de filière. La carte étudiante est un permis de séjour dans un pays étranger, le rapport au savoir est consommé pour réussir SA vie. Dans ces halls de gare froids, chaque militant électroniqué s’exige de gérer le premier bouleversement venu. A tout souci de majorité ou de légitimité, sur la question du blocage et de l’occupation, peut se poser simplement la question de la force. Sommes nous assez forts pour vaincre sans fin ce qui nous affaiblit ? Comment rejoindre et partager nos foyers de Résistance ?

Aux grévistes de partout, nous appelons au blocage généralisé de l’économie. Nous étudiants, précaire, sans-papiers, vendeurs de shit et travailleurs, pouvons par de simple gestes, habités d’une manière suffisamment déterminée, détraquer la désolation quotidienne. Quand les marins-pécheurs retournent les voitures de flics et s’emparent des dépôts de pétrole, quand les cheminots paralysent « la France qui se lève tôt », quand les électriciens coupent les lignes, quand les avocats affrontent les CRS, c’est que la situation exige que nous en soyons.

Pour en finir avec la solitude carcérale nous affirmons le partage entre ceux qui n’ont plus rien à faire avec ce monde, que de l’anéantir ! Bloquons tout ! Rencontrons nous ! Organisons l’auto-défense ! Que nous rejoignent, tous ceux, qui depuis là où ils sont, savent que la Résistance est plus forte que tous les mots d’ordre ! Nous sommes un des foyers de la Résistance. Et votre pauvre démocratie n’y pourra rien. Nous avons toute la vie pour ne pas mériter ce sort, nous aurons toute la mort pour nous reposer des porcs.

Comité d’occupation de Rennes 2

Appel de Rouen

Aujourd'hui jeudi 25 octobre 2007 à Rouen une Assemblé Générale a déclaré la grève, l'occupation et le blocage de l'Université. Nous sommes la génération qui s'est battu dans la rue ces dernières années, ces derniers mois. Depuis plusieurs jours, nous avons observé la mobilisation des autres villes. Il nous a semblé que chacun, là où il était, attendait un signal, une étincelle, pour que tout commence. Nous n'avons plus de raison d'attendre.


Des cheminots nous retenons la force de paralysie, la capacité à dérègler les gestes tellement huilés du quotidien. Du CPE nous gardons la force d'initiative et la possibilité de vaincre dans l'affrontement. Si ce mouvement nait du prétexte de la loi sur l'autonomie des universités, il s'inscrit plus généralement dans une offensive à l'encontre du pouvoir en place. La France d'après, nous y sommes et rien ne nous la fera aimer. Ce à quoi nous sommes confrontés n'est pas un simple durcissement des institutions mais la constitution d'une force politique prête à tout pour éliminer ceux qui ne filent pas droit, ceux qui ne partagent pas leur désir d'un monde parfaitement policé où les cadres aux dents colgate roulent en velib' au milieu des rafles de sans papiers. Il n'y aura pas de trève. C'est une vérité de l'époque que nous devons assumer.

Les cheminots, la loi sur l'ADN, les profs, les fonctionnaires, tous ces fronts qui s'ouvrent appellent le meilleur de notre intelligence, une pensée stratégique maximale. Nous faisons le pari que ce moment est opportun pour nous retrouver, pour retourner dans la rue, pour prendre le pavé et nous jeter dans la lutte. Notre mouvement sait qu'il n'est pas isolable, qu'il rentre en résonnance avec tous ceux qui ont pris la décision de lutter là où ils sont, à leur manière et de toute leur détermination. Nous savons que le préalable à tout mouvement est une suspension du cours normal des choses. D'où la grève. Nous avons besoin de temps et de lieux pour nous retrouver, nous organiser et penser ensemble. D'où l'occupation. Nous pensons que ce monde se tient par la circulation ininterrompue d'argent, de travail, et d'information et que pour l'entamer il nous faut enrayer cette machine. D'où le blocage.

Nous appelons ceux qui nous entendent à nous rejoindre, à s'organiser là où ils sont. Le travail est à déserter, les lieux sont à occuper, les flux sont à bloquer.

Comité d'occupation de l'Université de Rouen

2007-11-08

Et en moi-même...

Je veux saisir encore la beauté en mon corps. Je veux aimer de nouveau de toute ma chair. Je me lasse de ne sentir que la dure solitude des hivers sans présence. Je m'éloigne de la vie. La mort vient et je la contemple dans l'implacable brutalité du vide qui me transperce sans cesse la peau. Je saigne dans mon existence. C'est l'hémorragie morbide de mes sens.

Parce que je ne suis pas une abstraction, j’habite la matérialité concrète de l’existence. Je suis transi par ma chair dans l’existence. Pour me sentir être et être en relation, je vis dans les tréfonds de ma sensibilité. J’essaie de m’y abandonner. J’aime de tout mon corps et mon esprit en est la partie conceptuelle, rationnelle. Je vis ainsi. Je saisis de cette façon. Je pense avec mon sang, les battements de mon cœur, les mouvements de mes os et de ma peau...

Dans l’éloignement, je suis forcé à la distance. Je me détruis par l’impossible.